Le retour, de Bernhard Schlink.

Publié le par Léthée

Présentation de l'Editeur : Les grands-parents du jeune Peter Debauer travaillent comme relecteurs pour une collection de littérature populaire. Souvent, Peter dessine ou fait ses devoirs au dos de jeux d'épreuves corrigées. Un jour, il se met à lire un de ces feuilletons malgré l'interdiction grand-parentale. Intrigué, il découvre dans le récit pourtant incomplet d'un prisonnier de guerre détenu en Sibérie des détails qui se rattachent étrangement à sa propre vie...
Une longue quête commence alors pour lui, et sa volonté de découvrir la fin de l'histoire l'entraînera dans une odyssée à travers l'Histoire allemande et le passé de sa propre famille.


Peut-on résister éternellement à la tentation de lire ce qui est à notre portée, des pages et des pages d'histoires, lorsque cela nous est interdit ? Bien sûr que non. C'est par cette dérogation à la règle que le roman de Bernhard Schlink commence. Peter Debauer passe comme chaque année les vacances chez ses grands-parents, tout deux relecteurs pour une collection de littérature populaire, et c'est lorsque le jeune homme enfreindra la règle consistant à ne lire aucun des ouvrages que sa vie va changer pour toujours. Peter, orphelin de père depuis la seconde guerre mondiale, découve l'histoire d'un homme qui revient de la guerre et constate que sa femme vit avec un autre. Il ne cessera alors de poursuivre la fin du roman, disparue parmi des centaines de pages d'autres ouvrages. Qui était cet homme qui comme tant d'autres à cette époque raconta l'histoire d'un retour difficile ? Est-il resté se battre pour l'amour de son épouse ? Est-il reparti pour faire sa vie ailleurs ?
Dès sa première initiation à la lecture, à la littérature, Peter entame un long voyage initiatique qui l'emmènera, jusque dans sa vie d'adulte mûr, sur les pas d'Ulysse, et sur les traces d'un père. Récit initiatique, récit mythologique, récit historique : voici la triple combinaison qu'offre Bernard Schlink. L'art de mêler le romanesque et l'histoire est, dans ce roman, portée à ébulition. Si bien que, outre toutes ces séduisantes qualités, le roman se transforme à un moment rempli de suspens en problème philosophique : que dire de l'holocauste ? Peut-on condamner le mal avant d'avoir prouvé qu'on peut y résister ? Si l'humain est enfermé avec le mal fait homme, dans une pièce, résistera-t-il longtemps à combattre le mal par le mal ?
Dans les méandres de la frontière trop mince entre réalité et fiction, de la vie par le roman et du roman par la vie, Bernhard Schlink nous invite également à vivre la chute du mur de Berlin et la réunification de l'Allemagne de l'intérieur : en temps réel, la pierre à la main, on se demande avec Peter si cette chute est la promesse d'un nouvel élan ou l'illusion d'un rêve encore trop fragile.

Entre le bien et le mal, entre l'Est et l'Ouest, entre la quête et le retour, et enfin, entre le réel et le romanesque, l'auteur malmène son personnage, sans jamais le laisser à la dérive du grotesque. Voici une histoire toujours sur le fil, et magnifiquement écrite.

© Léthée Hurtebise - pour le magazine des livres n°11 paru en juillet 2008

Publié dans Archives MDL

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L
Voilà qui est très tentant ! Je pense qu'il ne tardera pas à rejoindre ma PAL ;o)
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L
<br /> Merci de faire un petit passage ici. Je suis ravie de susciter quelques tentations, surtout lorsqu'elles sont littéraires ! A bientôt chez vous.<br /> <br /> <br />