L'étrange histoire de Benjamin Button, de Francis Scott Fitzgerald

Publié le par Léthée

Dès sa naissance, loin d'être un beau poupon joufflu, Benjamin Button ressemble à un vieillard voûté et barbu ! Ses parents découvrent peu à peu qu'il rajeunit chaque jour : de vieillard il devient un homme mûr, un jeune homme, un enfant... Bénédiction ou malédiction ?
Sous la fantaisie et la légèreté perce une ironie désenchantée qui place Fitzgerald au rang des plus grands écrivains américains.

J'ai lu pendant les vacances d'hiver, quelque part entre la station Mairie des Lilas et Les Pavillons-sous-Bois, ce petit chef-d'oeuvre au sujet très original. En réalité, il s'agit d'une nouvelle, qui se dévore très vite. Mettre cette petite histoire de Benjamin Button en littérature n'était pas chose aisée. C'est un être qui rencontrera l'amour, et fatalement découvrira avec celui-ci que la vie, de laquelle on dit d'ordinaire qu'elle n'a aucun sens, n'a en tout cas pas le même sens pour lui et pour les autres. Que peut devenir l'idylle lorsque l'un vieillit pendant que l'autre retrouve toute sa vigueur ? C'est une des premières problématiques posées par cette histoire. Mais il y en a bien d'autres : Si Benjamin Button a déjà la parole et même l'intelligence aussi vive qu'il a le crâne dégarni et la barbe grise, lorsqu'il naît, que deviendront ses "vieux jours?". Fatalement, il se retrouvera vieillard à la peau lisse, la tignasse pigementée comme la crignière d'un lion, le désir vigoureux et l'oeil taquin : tout cela avec l'expérience d'un homme de 70 ans. Cela paraît merveilleux, mais n'oublie-t-on pas que lorsqu'on est jeune, précisément, on l'est trop : trop peu armé, naïf, peu intelligent. N'oublie-t-on pas qu'avant de se développer physiquement le corps nouveau n'a aucune défense, aucune vigueur : seule la jeunesse est une beauté en soi, avec cette peau sans failles, cet oeil perçant. Mais qu'est donc l'âme qui n'a pas vécu ? La langue bridée par le manque de vocabulaire ?... Benjamin Button risque-t-il de connaître cet état là, celui du nouveau né, après avoir si bien vécu ?

Oui, ce n'est déjà pas chose aisée de transposer une telle histoire dans la littérature. L'idée est belle, et Fitzgerald réussit parfaitement à faire briller les images dans notre tête. Mais ce n'est qu'une nouvelle, qui méritait amplement qu'on s'attaque à sa transposition seconde sur grand écran. Après des années d'hésitation, de travail, d'essais, David Fincher relève le défi. Son film sortira en salles le 4 février, avec Brad Pitt (qui paraît-il est méconnaissable, une fois encore, et ce n'est pas une question de maquillage), et Cate Blanchett. Un film à voir sans aucun doute, annoncé comme une merveille de beauté, de performance pour les acteurs. En ce qui me concerne : je serai au rendez-vous !
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K
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, lu il y a quelques semaines...  Je pense aussi qu'il y a de quoi faire un merveilleux film, que je n'ai pas encore vu même s'il est sorti depuis un moment ici!  Mais ça arrivera, c'est certain.
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L
<br /> Oh non ! Il n'est sorti que le 4 février ! Et j'ai été le voir hier, donc... billet à suivre ! ;)<br /> <br /> <br />
L
je suis tentée!! je préfère lire le livre suite à ton billet et ensuite jirais voir le film!!
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L
<br /> Ravie ! tu m'en diras des nouvelles ! Moi je vais visiter ton blog de ce pas. J'ai un peu de temps.<br /> <br /> <br />
D
Bonjour lethee, d'abord félicitations pour ce blog. Concernant L'Etrange Histoire de Benjamin Button, j'ignorai jusqu'à aujourd'hui que c'était une nouvelle de Fitzgerald. Et je viens de trouver moins cher que deux euros. C'est paru en Presse Pocket à 1,50 (et la nouvelle est complétée d'une autre : un diamant gros comme le Ritz). Je n'ai pas encore lu Benjamin mais ne faisant que 50 pages, cela devrait se faire vite. J'ai vu la BA du film, cela a l'air très bien. Bonne après-midi.
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L
<br /> Alors alors ? C'est lu ? ;)<br /> C'est incroyable que ce ne soit pas signalé plus que ça qu'il s'agisse d'une nouvelle, avant d'être un film...<br /> <br /> <br />
N
"La sorcère rousse" et "La coupe de cristal taillé" font partie du recueil "Les enfants du Jazz". (Je l'avais évoqué sur mon blog .) Comme dans Benjamin Button, ces deux nouvelles traitent des apparences, trompeuses le plus souvent, de l'image et de ses symboles. Dans "la sorcière rousse", Merlin est captivée par une jeune femme ; il se laisse prendre au piège de l'image qu'il lui prête. Dans "La coupe...", Fitzgerald propose le point de vue opposé en quelque sorte: Evelyn est "victime" du jugement qu'un homme avait porté sur elle. Enfin, c'est ainsi que j'ai perçu ces nouvelles en les lisant l'une après l'autre. Ce thème de l'image reste très présent dans tout le recueil.Je n'ai pas lu les deux autres et j'attendrai de lire votre avis !
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L
<br /> Ah ! Alors il faut que je me dépêche de les lire alors. Pour le moment, je suis dans La pornographie, de Gombrowicz. C'est très drôle en fait, je ne m'attendais pas à cela. C'est à mi-chemin entre<br /> l'humour de Diderot dans JAcques le fataliste, et l'absurde de Kafka. Avec parfois une manière d'écriture du 19e. C'est très chouette !<br /> <br /> <br />
F
Je suis également très tentée d'aller voir ce film !Bon dimanche !
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L
<br /> Oui, je dois dire que les sorties cinéma cette année ont l'air passionnantes. Sauf... pour le mois de janvier.<br /> <br /> <br />