Un extrait de L'enfant des Ténèbres de Anne-Marie Garat
Comme je suis en train de lire la suite de Dans la main du diable, il me faut absolument vous convier à vous plonger dans cette saga, ou, si ce n'est déjà fait, à poursuivre l'aventure. Aussi, comme je lisais hier la page 83 de l'ouvrage, il m'a semblé plutôt judicieux de vous faire partager un court extrait qui vous donnera une petite idée du ton, et surtout du talent de l'auteur :
"Le sommeil n'est pas venu. Pourtant, il se présentait tout à l'heure, une fois éteinte la veilleuse, dans la chaleur de la couette qui sent bon le duvet et le coton lissé au fer, la douce emprise du linge de nuit qui enveloppe et apaise. Ses paupières brûlaient de se fermer. Maintenant, les yeux grands ouverts sur tout ce noir, elle est suspendue aux bruits ténus de la nuit, qui aiguisent son insomnie. Pourtant, comme la vie est agréable et douce dans la maison de Löchen, léger le passage des jours. Depuis lundi, mardi est passé, jeudi a succédé à mercredi, les nuits, les jour naturels se recouvrent et se dissolvent entre eux sans à-coups, de lundi à samedi une seule coulée lente de bien-être et de plaisir. Etre en vie, une volupté de tout instant. Chaque heure incertaine interroge la suivante, l'appelle, craintive, avide de plénitude, de possession, de sécurité et d'intimité, de bonheur, de bonheur ! Aussi se commande-t-elle de respirer calmement, de ne pas bouger du tout, de résister aux fourmillements de ses bras, à l'impatience de ses mains, d'immobiliser l'instant qui verserait au sommeil, dans la tiède quiétude des draps..."
L'enfant des ténèbres, Anne-Marie Garat, Actes Sud, Paris, 647 pages.
"Le sommeil n'est pas venu. Pourtant, il se présentait tout à l'heure, une fois éteinte la veilleuse, dans la chaleur de la couette qui sent bon le duvet et le coton lissé au fer, la douce emprise du linge de nuit qui enveloppe et apaise. Ses paupières brûlaient de se fermer. Maintenant, les yeux grands ouverts sur tout ce noir, elle est suspendue aux bruits ténus de la nuit, qui aiguisent son insomnie. Pourtant, comme la vie est agréable et douce dans la maison de Löchen, léger le passage des jours. Depuis lundi, mardi est passé, jeudi a succédé à mercredi, les nuits, les jour naturels se recouvrent et se dissolvent entre eux sans à-coups, de lundi à samedi une seule coulée lente de bien-être et de plaisir. Etre en vie, une volupté de tout instant. Chaque heure incertaine interroge la suivante, l'appelle, craintive, avide de plénitude, de possession, de sécurité et d'intimité, de bonheur, de bonheur ! Aussi se commande-t-elle de respirer calmement, de ne pas bouger du tout, de résister aux fourmillements de ses bras, à l'impatience de ses mains, d'immobiliser l'instant qui verserait au sommeil, dans la tiède quiétude des draps..."
L'enfant des ténèbres, Anne-Marie Garat, Actes Sud, Paris, 647 pages.